La grenouille et le boeuf
La fable “la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf” dont voici le résumé :
“Une petite grenouille, jalouse de la taille imposante d’un boeuf, demande à ses compagnons de lui gonfler les francs en soufflant pour devenir aussi grosse que lui. Elle finit par éclater sous l’effet de son orgueil et de sa vanité.” – Fable d’Esope – Fable de Jean de la Fontaine (livre 1, fable 3)
Adaptation à la Démocratie :
L’idée que “la démocratie est une opportunité pour une grenouille qui veut devenir aussi grosse que le boeuf” est une métaphore souvent utilisée pour critiquer la démocratie. La critique venant des bourgeois ou aristocrates qui suggèrent que des individus ou des groupes médiocres, incompétents ou ambitieux pourraient prétendre à un pouvoir ou une importance qu’ils ne méritent pas, au risque de provoquer leur propre perte ou celle de la société.
Cette métaphore a été reprise et adaptée par plusieurs auteurs, philosophes ou polémistes pour critiquer les excès de la démocratie, l’ambition démesurée, ou l’illusion de l’égalité des compétences, reprise par les auteurs conservateurs, élitistes ou anti-démocratiques, qui estiment que le pouvoir devrait revenir à une élite compétente plutôt qu’au peuple.
Cette réflexion m’incite à vous proposer d’autres interprétations de cette métaphore, déjà explorée par Ésope il y a 620 ans avant J.-C. Ce fabuliste, philosophe et écrivain a posé les bases d’un récit repris plus tard par Jean de La Fontaine, dont voici les derniers vers :
“La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.”
Jean de la Fontaine
(1621 – 1695)
Une logique différente, de classe sociale s’applique à cette fable pour Phèdre, fabuliste du Ier siècle après J.-C., dont l’une des fables s’ouvre sur cet avertissement : « Le pauvre, en voulant imiter le puissant, se perd. »
Cette maxime illustre comment l’idéal démocratique, forgé par les philosophes, se heurte aux luttes de classes qui, depuis l’Antiquité, rappellent au peuple une réalité cruelle : changer de condition sociale relève d’un parcours de longue haleine, s’étendant souvent sur plusieurs générations. À vouloir forcer ce destin sans vision à long terme, sans façonner l’héritage que l’on laissera après soi, comme la grenouille de la fable, on risque de succomber à sa propre ambition — « emportée par le dépit, elle voulut s’enfler davantage, mais elle creva et tomba morte », sans laisser de trace ni de descendance.
Mais dans ce XXIᵉ siècle, peut-on encore s’élever sans stratégie ? Notre démocratie, qui garantit par nos lois républicaines à chacun le droit de s’exprimer, d’exister et de se présenter devant le peuple sans distinction de race, de genre ou de classe, rend-elle vraiment cette ascension accessible à tous ?
Un simple coup d’œil sur la représentation politique de notre pays, sur nos représentants politiques suffit pour constater que rien n’a changé : pour accéder aux postes de pouvoir, il faut soit appartenir aux classes sociales les plus favorisées, ou soit briser toutes les barrières avec une détermination sans limites.
Les philosophes engagés, aussi bien intentionnés soient-ils, risquent d’être balayés s’ils ignorent cette réalité : une bourgeoisie provinciale, toujours installée aux postes les plus influents près du pouvoir, sait leur voiler la vérité sous des illusions colorées quelles soient roses, bleues, vertes ou jaunes.
Pendant ce temps, le peuple, relégué dans des espaces éloignés des structures de décision, reste privé de la possibilité d’apporter des alternatives, des visions ou du bon sens populaire qui a autant de valeur que la sagesse des textes anciens. Ces textes, qui justement dérangent cette bourgeoisie, au point quelle les méprise ou les rejette : soit par incapacité à en comprendre toute la profondeur, soit parce qu’ils menacent son ordre établi au point qu’elle préfère les ignorer, les discréditer, voire les détruire. Oui les détruire, c’est bien elle qui façonne les programmes de l’Éducation nationale, censés former des citoyen-ne-s éclairés, acteurs et actrices de notre république, capables de comprendre les enjeux de leur démocratie et de leur laïcité.
Négliger la dimension éducative de cette fable vieille de 2 500 ans, destinée autant aux peuples qu’à leurs philosophes, revient à condamner notre démocratie. Cela revient à faire croire qu’une grenouille aspirant à égaler le bœuf n’est qu’ambitieuse, orgueilleuse ou vicieuse. C’est laisser entendre qu’un peuple cherchant à s’affranchir de sa condition de classe commet une folie : un rêve impossible, immoral, et pire, une menace pour l’ordre de sa nation, de sa région, de sa communauté politique.
Ceci est repris par Platon dans “Le Mythe de la Caverne” (La république, livre 7) : « Les tyrans ne naissent pas du ciel, ils sont portés au pouvoir par l’ignorance des masses. ». L’illusion démocratique et la nécessité de l’éducation populaire. Sans éducation et participation réelle, la démocratie dégénère en tyrannie car les citoyens, mal informés, choisissent des démagogues.
Je termine cet exercice par cette fable proposée par l’intelligence artificielle en partant de l’idée qu’une démocratie sans le bon sens populaire se transforme en dictature. Et ce, quelque soit le niveau de décision.
Le Lion et les Fourmis
Un Lion, roi de la savane, conçut un jour l’idée
De gouverner non par la griffe, mais par le suffrage universel.
« Plus de rugissements, place aux débats ! » dit-il en assemblée,
Et les animaux, flattés, crurent tenir enfin leur destin.
Les Éléphants, les Zèbres, les Singes, tous votèrent,
Mais les Fourmis, petites mais nombreuses, s’inquiétèrent :
« Noble Lion, qui comptera nos voix ?
Qui portera nos besoins jusqu’à ton rocher royal ? »
« Chères Fourmis, répondit-il en souriant,
Votre bon sens est précieux, mais la savane est vaste :
Laissez les Grands décider pour vous, c’est plus efficace. »
Les Fourmis, rassurées par ces mots mielleux,
Retournèrent à leur labeur, tandis que les Grands
— Loups, Hyènes et autres courtisans —
Rédigeaient les lois dans l’ombre des hauts herbes.
Un jour, une sécheresse frappa la terre.
Les Fourmis, assoiffées, vinrent quérir leur part d’eau :
« Le puits est sec, dirent les Gardiens,
Mais le Conseil a décidé : l’eau est pour les forts. »
« Et nos voix ? » s’écrièrent-elles.
« Vos voix ? Vous avez voté, non ? » ricana le Lion.
Alors, une Fourmi, plus hardie, grimpa sur une branche :
« Roi Lion, tu nous as promis une part égale,
Mais sans nous, qui creusera les tunnels où coule l’eau ?
Sans notre labeur, qui nourrira la savane ?
Une démocratie sans fourmis n’est qu’un désert avec un trône. »
Le Lion, surpris, baissa les yeux :
Les Grands s’étaient partagé les points d’eau,
Et la savane n’était plus qu’un royaume de poussière.
« Vous aviez raison, murmura-t-il.
Un roi sans fourmis n’est qu’un tyran solitaire. »
Morale : Quand le peuple se tait, les lois deviennent des chaînes ; Une démocratie sans bon sens populaire est une cage dorée.
Parce que je refuse qu’on brise ma liberté, qu’on m’enchaîne à ma condition sociale, qu’on étouffe ma voix et qu’on nie mes droits, je parlerai encore — Je crierai s’il le faut, quitte à être exclue. Certains de mes mots traverseront l’écran. Ils germeront dans les esprits. Ils seront lus, partagés, et peut-être un jour, ils réveilleront les nôtres.
DF – 2025-08-24 – Libre et engagée, pour que les humbles accèdent aux mêmes places que l’élite bourgeoise qui se partagent les postes et les places. Pour que nous soyons entendus, reconnus, égaux en dignité et en droits.
Je pose les choses clairement : je serai candidate au poste de référente, même si la tentation de certains est de m’exclure.
L’éveil rend l’humain libre,
Libre de servir le plus humble,
Libre de son arbitre.
Dauna F. – 2012
